Chwiya d sukkar
Regarder sans chercher à comprendre, avancer sans chercher à figer. Dans certaines villes du Maroc, le regard se heurte immanquablement à des lignes, des textures, des éclats furtifs. L’ombre et la lumière redessinent sans cesse les contours, effacent les cartes postales tout en alimentant le cliché. L’espace oscille entre le construit et le précaire, entre la rigueur des formes et l’accident du quotidien.
Comme une invitation lancée autour d’un verre de thé brûlant, "chwiya d sukkar" traverse la langue et les gestes, traduit en quelques mots ce qui fait l’essence du moment. Un peu de sucre, juste ce qu’il faut, pour adoucir l’instant et laisser place aux nuances. Ici, les lieux ne se livrent pas immédiatement : ils se révèlent par bribes, dans une matière qui vibre et échappe. Chaque image, loin de l’évidence, retient une part d’invisible. L'œil s'attarde sur ce qui résiste comme sur ce qui se transforme. Un voyage sans point d’ancrage, où les repères se troublent et où le réel se perçoit toujours en creux.
(Images réalisées à Rabat, Marrakech et Tanger)
